Souvenez-vous, la
première fois que nous sommes venues en Indonésie, nous avons eu un accident de
scooter dont nous vous parlions ici ! Rien de très grave en soit mais cela nous
a tout simplement empêché de faire l'ascension du mont Rinjani et nous étions
bien décidées à le faire cette fois ci ! Nous avions été conseillé par
Laurélene puis nous en avons parlé à 2/3 personnes, toutes ayant fait le 2
jours/1 nuit et nous annonçant la couleur, on allait en baver ! Malgré tout, nous étions motivées et
avec l'offre très avantageuse de l'agence à côté de Sonya Homestay, nous avons
craqué sur le pack 3j/2n.
Le rendez-vous
est pris pour le 10 septembre à 5h du matin, un mini bus vient nous chercher
pour nous emmène au départ du trek. Nous sommes 10, pas très réveillés, avec un
chauffeur fifou comme d'habitude, du coup ça ne manquera pas de rendre une
allemande malade et Elodie bien brassée, bonne entrée en matière ! Nous
arrivons pour prendre le petit déjeuner, nous sommes beaucoup dans ce petit
restaurant mais c'est parce que tous les départs se font depuis là, aussi bien
2 que 3 jours, et dans les deux sens (ce n'est pas une boucle, comme leTongariro il y a une navette entre le départ et l'arrivée!) On finit par nous mettre
dans un groupe, on monte dans une petite camionnette et c'est parti !
Camionnette pour rejoindre le début du trek |
On arrive
à l'entrée du parc, nous devons nous enregistrer, on fait la connaissance
d'Ilock, notre guide, puis on part. Étant en groupe, nous faisons une erreur de
débutantes et nous partons en essayant de suivre le groupe (des allemands qui
avancent comme des flèches !). Elodie prend un coup de chaud dès les premières
minutes, et l'heure qui suit aura été un premier calvaire! Difficulté pour
reprendre son souffle, mal de tête, coup de chaud, ça s'annonce compliqué pour
3 jours ! Finalement après une vraie pause, deux oreos et en enlevant le bob
pour avoir plus d'air, elle repart du meilleur pied et cette fois nous y allons
à notre rythme! Nous marchons encore pour arriver au premier stop où nous
mangeons avec tous les autres groupes. Riz, poulet, légumes, classique mais
efficace ! Les singes ne sont pas loin et à l'affût des restes de nourriture
qui traînent !
On repart après une petite sieste bien méritée (on s'est levées
à 4h30 quand même il ne faut pas oublier!) mais cette fois nous sommes dans les
nuages ! Ce n'est pas désagréable car cela nous permet de ne pas avoir trop
chaud. Et puis dans tous les cas nous sommes en forêt donc il n'y a pas
forcément beaucoup de paysage à admirer ! L'après-midi nous y allons à notre
rythme, nous sommes avec Gabi, une suisse qui est dans notre groupe également
et qui ne tient pas non plus à suivre le rythme effréné de nos 4 allemands! La
dernière partie pour arriver au campement est plus abrupte et finira de nous
casser les jambes pour la première journée, on arrive au milieu des autres
groupes, nous sommes parmi les dernières mais comme nous aimons le répéter
"doucement mais sûrement",
nous y sommes !
On s'accorde une petite demie heure, le temps de prendre
un goûter et que notre température du corps revienne à la normale puis nous
prenons un peu de hauteur pour voir le coucher de soleil. En amont du
campement, une vue à 360 degrés s'offre à nous avec le lac d'un côté et les
nuages de l'autre ! Appareil photo à la main on se régale et étonnement nous
sommes seules sur ce point de vue qui est pourtant sublime !
Volcan au milieu du lac |
Cela nous amuse de
nous dire que tout le monde est cassé, sûrement dû au rythme soutenu de la
journée quand nous, nous avons encore assez d'énergie pour faire des photos à
tout va!
On finit par redescendre, tout le monde est installé dans une tente
nous n'avons donc pas le choix mais le prix à payer en valait la chandelle ! Le
repas est prêt quelques minutes seulement après que nous soyons redescendues,
le temps de changer de chaussures (comprenez enfiler nos tongs!) et hop tous
autour du feu (ou presque, deux espagnoles sont congelées dans leur tente on ne
verra pas le bout de leur nez de la soirée !) Nos guides ont fait un un petit
feu de camp histoire de se réchauffer les orteils et il est déjà temps d'aller
se coucher ! Le vent souffle assez fort sur cette crête et nous réalisons que
la tente est installée en pente sur des rochers !
Bilan de la première journée : 2000 mètres de dénivelé, un peu plus de 6h de marche, 1 paquet d'oreo noix de coco dévoré et 124 photos !
Notre campement au dessus des nuages ! |
La nuit n'a pas
été la plus réparatrice que l'on ait connue, on se réveille comme si nous
avions dormi 3h mais la vue et le challenge de la journée sont deux bonnes
motivations pour se lever! Nous allons voir le lever de soleil au point de vue
où nous étions le soir sur conseil des guides du campement mais cela ne vaut
pas notre coucher de soleil! Et contrairement à la veille, nous sommes cette
fois une vingtaine à regarder les premiers rayons du soleil nous chauffer le
visage ! Pour la petite histoire un allemand (encore mais on s'y fait, il n'y a
que des allemands sur ce trek!!) a profité de la vue et de l'instant pour
demander sa compagne en mariage ! Genou à terre, petite larme, c'était le
moment émotion du matin ! :)
On avale le petit
dej, on se dit que finalement on n’a pas eu la pire tente, certain se sont fait
complément balayer par le vent et leur tente n'ont plus de forme, puis c'est
reparti ! Au programme du jour; descente jusqu'au lac avant de remonter sur le
campement du soir. Nous quittons la moitié de notre groupe qui était venue
faire le 2j/1n, pour eux c'est chemin en sens inverse, il n'y a pas de boucle
possible ! La descente est abrupte, il y a des échelles et des barres pour
faciliter le tout et cela nous permet d'être moins en retrait du groupe, nos
flèches ne vont pas si vite sur ce premier segment ! Sur cette descente on
admire une fois de plus le travail des porteurs qui s'occupent de ravitailler
tous les groupes en portant aussi bien les tentes que l'eau, la nourriture ou
les bouteilles de gaz pour cuisiner, leur charge s'eleve a plus de 40 kilos! Il y a peu de personnes âgées comme au
Kawah Ijen mais par contre certains sont très jeunes et font ça pour apporter
un maigre revenu à leur famille restée au village.
Gabi est toujours
avec nous mais semble un peu moins enjouée que la veille (elle a la tchache
facile!). En arrivant enfin au niveau du lac nous avons la possibilité d'aller
nous baigner dans des sources chaudes et elle choisira de ne pas nous accompagner
! Une petite demie heure de marche en plus annoncée par le guide, qui ne seront
en fait que 15 minutes de marche tranquille et nous voilà a nouveau avec tous
les autres groupes près de cette cascade aux couleurs vertes et jaunes !
A
notre goût elle est même légèrement trop chaude, annoncée à presque 40 degrés,
mais c'est agréable et après cette petite trempette nous retournons près du lac
pour le repas. Nous retrouvons une Gabi pas très en forme et Ilock nous annonce
qu'il va devoir redescendre avec Gabi, elle ne se sent pas de continuer le trek
!
Vue sur le lac pendant le repas |
Après manger nous repartons donc à 6, les 4 allemands et nous deux, sans
guide et avec 3 porteurs. Il faut maintenant remonter les 600 mètres de
dénivelé que nous venons de descendre, et même si les premiers kilomètres sont
plutôt faciles, la fin s'est quant à elle avérée beaucoup plus ardue! Nous
devions presque faire de l'escalade, à même la roche, dans une sorte de
brouillard, c'est la deuxième journée et les jambes commencent à fatiguer ! Sur
le chemin on se fait des sourires les uns et les autres mais on voit bien qu'on
en bave pour faire cette dernière ascension ! (Sauf les allemands pour qui ça a
l'air d'être une promenade de santé!) On arrive finalement au campement, les
allemands arrivés plus tôt ont déjà choisi leur tente ce qui ne nous laisse pas
le choix et encore une fois nous avons la plus belle !
La plus belle de toutes ! |
Nous sommes dans
les nuages pendant un bon moment encore, on se dit que cette fois nous ne
verrons pas le coucher de soleil mais finalement celui-ci pointe le bout de son
nez juste à temps, de quoi faire quelques photos avant d'aller dévorer un bon
repas !
Quand les allemands essaient de faire un feu |
Tous les groupes se préparent avec leur guide pour le point culminant
de ces 3 jours de trek, l'ascension du mont Rinjani pour Le lever de soleil,
mais comme nous n'avons plus de guide nous sommes un peu délaissés! Nos
porteurs sont très gentils mais parlent 3 mots d'anglais (lunch, dinner et
thank you), ce qui limite vite la conversation ! Au final un guide d'un autre
groupe vient à la rescousse et nous explique tout : réveil à 2h pour un départ
à 2h30, petite collation prévue avant de partir, nous aurons un porteur avec
nous pour l'eau et les vêtements chauds et il nous explique comment va se
passer la montée!
Elle se fait en 3 étapes, 40 minutes de grimpette facile puis
1h20 de faux plat avant d'attaquer 1h de montée à même le volcan ! Si à 5h nous
n'avons pas commencé la dernière partie alors c'est trop tard il vaut mieux
attendre le lever de soleil depuis l'étape 2! Ça met un peu la pression car
cela signifie que tous n'arrive pas à faire l'ascension! Sophie choisie de ne
pas le tenter, ainsi Elodie prépare ses affaires avant d'aller se coucher pour
que le réveil soit plus efficace !
Bilan journée 2 : 600 mètres de dénivelé positive, 6 heures de marche, 2 ampoules pour Sophie !
Samedi 12
septembre, 2h du matin. Pour cette partie je (Elodie) vous raconte l'aventure à
la première personne pour que vous viviez cette expérience avec moi! Je ne dors
pas à poing fermé à 2h et tant mieux car les porteurs n'ont pas pensé à
réveiller notre groupe. J'entends de l'agitation et je comprends que c'est
maintenant que ça se passe ! Je m'habille rapidement pour ne pas réveiller
Sophie et je sors pour aller prendre ma collation. Les allemands semblent aussi
réveillés, il y a de la lumière dans leur tente, mais notre campement est plus
calme que les autres malgré tout. Je vois au loin des lumières qui ont déjà
commencé à grimper, des fifous encore
une fois !
Un petit thé et un sandwich, c'est tout ce que nous avons mais pour
le moment c'est largement suffisant! Il est 2h25, les porteurs ne semblent pas
prêts à bouger, il n'y a qu'une seule allemande de sortie, le guide de l'autre
groupe ne s'est pas approché, je comprends que cette ascension nous allons
devoir la faire par nous même ! Du coup je récupère mon sac à dos, je mets
l'appareil dedans et à 2h27 je commence la grimpette ! Pour éviter de me
fatiguer trop vite j'adopte un rythme lent et régulier, petit pas, souffle
contrôlé, que je sois en descente, en montée ou sur du plat, je n'accélère ou
ne ralentit pas ! Je prends un premier coup de chaud et j'enlève ma polaire
assez rapidement puis mon corps reprend une température normale assez vite ! Je
me fais doubler par plusieurs groupes, c'est normal le début n'est pas très
difficile et pourtant je vais doucement ! J'arrive au premier pallié, celui qui devait prendre 40
minutes, il est 3h31! Aïe, je suis déjà en retard sur le premier pallier, ça
risque de coincer pour la suite! Mais je ne me décourage pas, je continue de
garder mon rythme, et mes efforts payent sur cette deuxième partie ! En effet,
je croise plusieurs personnes qui sont parties trop rapidement et qui
maintenant font des pauses régulières car ils n'arrivent pas à reprendre
correctement leur souffle ! De plus, comme tous sont en groupe, ils s'attendent
les uns et les autres et étant seule, je me retrouve ainsi a dépassé beaucoup
de groupes !
Vue de la crete depuis le sommet |
Tellement que je me retrouve même en tête de chenille au bout d'un
moment, plus personne n'est devant moi sauf le fameux groupe qui était parti
plus tôt que tout le monde! Mais avec l'altitude, les températures baissent
également et le vent se lève sur cette crête ce qui intensifie l'effort pour
monter ! Je ne veux pas remettre ma polaire trop rapidement car je sais qu'une
fois au sommet je vais avoir froid si je n'ai rien de plus pour me couvrir !
Mes doigts commencent à être gelés, je ne les sens plus et à partir de là je
n'ai plus de notion du temps. Quand j'essaie d'attraper mon portable pour
regarder l'heure, celui-ci ne répond plus, sûrement un bug dû au froid ! La
dernière partie est enfin là, je sais que Je sais que les premières lueurs du
soleil apparaissent à 5h, il fait encore bien nuit, je suis donc dans les temps
! Un dernier coup d'oeil en arrière, certains semblent tellement loin, je
réalise que j'ai déjà beaucoup grimpé, mais le plus dur est devant moi ! Je
commence à avoir un peu faim, de plus en plus froid, et je dois prendre de plus
grandes inspirations pour récupérer mon souffle ! Nous sommes maintenant à
presque 3500 mètres d'altitude, mon rythme se ralenti un peu plus. Je commence
à me faire doubler de nouveau, et je fais désormais des pauses plus régulières
! Les premières lumières apparaissent enfin à l'horizon, 5h, il me reste 1h
pour grimper, le sommet me semble si proche et si loin à la fois. Les groupes
sont désormais disloqués, je me fait doubler par des gens seuls ou à 2, ceux
qui ont encore de la force pour monter, avec la lumière qui apparaît je peux
voir mes doigts et ceux-ci sont blancs et semblent vidés de leur sang. J'ai de plus en plus de mal à respirer,
mes yeux se ferment par moment, la fatigue du réveil matinal se fait sentir, je
donnerai tout pour une micro sieste !
Ma vision est brouillée, je pense que je suis pâle, et je vois les 4 allemands qui, frais comme des gardons, sont en train de faire des photos. Je les rejoins, j'ai du mal à parler mais l'un d'eux me demande si je veux une photo! Je sors mon appareil, je ne comprends pas trop ce qu'il se passe, mon souffle est toujours très saccadé, clac clac c'est dans la boîte et je m'assoie finalement ! J'ai l'impression que je vais tomber dans les pommes, j'ai du mal à avoir conscience de l'espace autour de moi, des gens, je ne réalise pas, et finalement j'arrive à articuler 3 mots pour demander quelque chose à manger à 2 allemandes. Elles me sortent 4 crackers et voyant mon état me demande si j'ai besoin de cachets pour le mal de ventre. Je leur dit que c'est bon (même si j'ai l'impression que je vais cracher mes boyaux d'une seconde à l'autre!) et je croque une première bouchée dans leur remontant. Après le premier cracker j'arrive à réguler de nouveau ma respiration puis je reprends mes esprits. Et c'est seulement à ce moment-là que je réalise, je suis à 3700 mètres d'altitude! J'ai presque envie de pleurer tellement je suis fière de moi, je me lève et je peux enfin admirer la vue!
C'est grandiose et impressionnant mais je n'ai pas trop le temps de m'attarder, les groupes sont déjà presque tous descendus et je ne veux pas arriver trop en retard ! Je fais encore une ou deux photos et hop, c'est reparti ! La descente se fait très facilement, je suis de nouveau alerte et j'ai récupéré des forces, je rattrape même les allemands un peu plus bas! Au final j'ai fait la descente en 2h contre 4h10 de grimpette (hé oui quand même!). Il fait chaud maintenant, j'ai enlevé de nouveau ma polaire et je rejoins enfin Sophie au campement ! Voilà comment j'ai réussi à grimper le mont Rinjani et ces 1100 mètres de dénivelé !
Nous sommes maintenant réunis, nous prenons le petit déjeuner tous ensemble et nous finissons de fermer nos sacs pour attaquer la descente ! La première partie est terrible car dans la poussière, nous finissons tous sales et ça tire sur les jambes car le terrain est plutôt plutôt glissant ! De plus c'est notre 3eme jour, nous avons des courbatures dans les cuisses, ce n'est évident pour personne !
Un peu de poussiere sur la descente... |
Au final, nous faisons une pause bien méritée après cette descente pour manger ! Installés sur une grande bâche nous finissons par tous nous endormir pendant que nos porteurs préparent le repas (toujours en forme eux!).
Navette retour ! |
Bateau local pour rejoindre les iles Gili |
Arrivés sur place, un indonésien douteux vient nous dire que le dernier bateau est parti, il faut que l'on paye si on veut prendre un bateau pour aller sur Gili ! Hors de question qu'on débourse le moindre centime !
C'était inclus dans notre package on n’a pas l'intention de se faire avoir une nouvelle fois ! Les allemands semblent un peu désemparés, fatigués, prêts à craquer mais nous prenons les devants avec Sophie et nous voyons un bateau de locaux qui va partir pour gili ! Zioup, ni une ni deux on enlève nos chaussures et on monte dans le bateau ! On fait signe aux allemands de nous suivre et même s'ils ne semblent pas convaincus finalement ils montent ! Sur cette dernière péripétie nous voilà enfin en direction de notre petit coin de paradis pour quelques jours encore :)
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